jeudi 12 décembre 2013

Le test d'étanchéité

Ou comment payer pour se faire souffler dans les bronches...

Qu'est ce que c'est donc que cette bête-là, le test d'étanchéité ?


Jadis, il y a de cela bien longtemps (environ 1 an), on construisait sans se soucier de l'étanchéité à l'air du bâtiment. On s'arrangeait juste pour que les fuites d'air n'occasionnent pas trop d'inconfort.
Aujourd'hui que le prix de l'énergie n'est pas vraiment nul, on est forcé d'entamer de coûteuses rénovations de bâtiment pour colmater les trous et dépenser moins, bien qu'aucune norme n'oblige à le faire.

Dans le neuf, les choses ont un peu évolué. Le BBC est devenu la norme (RT 2012) et oblige à procéder à un test d'étanchéité (on appelle ça de l'infiltrométrie) à la fin du chantier. Comme les constructeurs renâclent pour appliquer ces nouvelles normes qui représentent de la précision de travail, de la technicité, du temps, et donc de l'argent, on se doute que le travail est plus ou moins bâclé pour rentrer juste dans les clous : c'est parfois juste le placo qui est rendu étanche à l'occasion du test.
 
C'est une des raisons pour lesquelles nous allons à contre-courant en demandant plus de normes, avec le passif (future RT 2020). Là, on ne rigole plus et c'est violent. Le défaut du passif (c'est aussi sa qualité), c'est qu'on ne fait pas ce qu'on veut et que la moindre erreur se voit.

Pour notre maison en bois, ça pose problème puisque l'ossature est faite avec un assemblage de panneaux de bois indépendants, qu'il faut bien relier entre eux et donc faire en sorte que le frein-vapeur soit continu, sans défaut. Une maison en dur présente moins de problème : un bon enduit, du soin aux alentours des menuiseries et c'est dans la boîte (attention toutefois, les murs doivent être étanches à l'air, mais la vapeur d'eau doit pouvoir être évacuée, donc pas d'enduit ciment  imperméable).

Comment ça se passe, un test d'étanchéité ?


Le testeur installe une porte soufflante, avec un ventilateur dedans relié à un ordinateur avec les logiciels qui vont bien.
On colmate tous les trous.
Et on envoie la soufflerie.
Là, l'air est expulsé de la maison : on est en dépression.
Le film se tend, nous sommes à 50 pascals. On devrait aller jusqu'à 100 pour faire bien,
mais le film n'est pas suffisamment attaché pour ça et on risquerait de le déchirer.






 On traque la fuite partout.

Comment on cherche la fuite ?

- A l'oeil : des poussières ou une toile d'araignée qui bougent, des plis dans la toile ou l'adhésif.
- A la main : on passe la main dans les endroits stratégiques (tous les angles et les raccords) et on sent très vite si de l'air passe.
- A la caméra infrarouge : c'est super pour se la jouer, mais faut savoir manipuler la chose et avoir de bonnes conditions climatiques (écarts de températures intérieur-extérieur). L'interprétation peut être trompeuse pour les novices.

Le pli dans la membrane au niveau de la jointure : pas bon du tout
L'adhésif qui n'était pas assez bien posé au sol : à refaire.
Le pas de porte oublié : l'air passe, on colmate.
Et notre hantise : les coffres de volets-roulants
avec des adhésifs à coller dans les coins...
Un coffre vu de près.
Allez coller l'adhésif là-bas dans le coin, pour voir...
Mais, me direz-vous, c'est rafistolé avec du scotch, tout ça !
C'est exact, mais je ne vous souhaite pas de vous en mettre sur les mains de cette chose-là, ni de rater votre collage, parce qu'après pour l'enlever, c'est dur !

Et alors, concluant, ce test ?


RT 2012 : Q4 = 0,6 m3/h/m2 de parois déperdivites en maison individuelle
Bâtiment passif : n50=0,60 h-1
Il ne s'agit pas des mêmes unités de mesure, mais le résultat doit être de 0,6, ce qui simplifie pas mal les choses !

Le test a commencé le jeudi 5 décembre à 14h. La norme RT 2012 a été atteinte d'entrée, mais le passif était encore loin : 0,95 au lieu de 0,6. Après quelques tâtonnements, des fuites importantes, parfois grosses comme le poing, ont été repérées et rebouchées (le coffre de volet-roulant à la fenêtre d'angle du bureau : le cauchemar). A la fin de la journée, nous étions à 0,72.

Les artisans considéraient que c'était très bon et largement suffisant (le chantier pouvait donc continuer). L'architecte, la thermicienne et le testeur étaient moins catégoriques et il n'était pas certain que le test final soit bon. Alors, on a repris rendez-vous la semaine suivante pour une nouvelle journée de traque aux fuites et un test en fin de journée. Le chantier a donc été bloqué une semaine.

L'intérêt : on veut le label passif. Et on ne peut pas être "presque passif", d'autant plus que tout a été calculé et conçu en fonction de ça, donc si on n'était pas dans les clous, tout ce qui vient après ne serait pas correctement étalonné. Autre intérêt : la pédagogie auprès des artisans. Le passif ne vous laisse pas droit à l'erreur dans la conception du bâtiment et l'organisation du chantier.

Nouveau test le mercredi 11 décembre, de 11h à 16h. La peur était qu'on ne trouve plus que des microfuites et qu'on n'atteigne pas le seuil voulu. Mais on a trouvé encore de belles fuites. Bilan : 0,62 pour un test intermédiaire. C'est tout bon, sachant que viennent encore ensuite une couche de 10 cm d'isolant sur les murs, autant au plafond, et 20 cm au sol, sans compter les finitions (placo, enduits, etc).

Donc le chantier peut continuer. OUFFFFFF...

Que dire de plus... Un conseil.

Un conseil de la part de notre architecte. Ayant passé un premier test sur une autre maison passive juste avant, il s'est aperçu que les testeurs n'étaient pas équipés de matériel assez fin pour réaliser ça sur une maison passive, d'où une précision du test relative et des difficultés à gérer la soufflerie.
Nous sommes donc allés directement auprès d'un spécialiste de la chose passive, équipé en matériel adapté. On l'a trouvé dans le Pays Basque, tout comme notre thermicienne.

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